Le point sur le matériel photographique.

  • Le 15/04/2024
  • 0 commentaire

 

Lors de l'avènement de la technologie numérique nos habitudes furent durement bousculées : comme les seuls capteurs disponibles sur les boitiers de l'époque étaient de taille APS C, nos focales favorites ont été remplacées par des équivalences d'angles de champ visuel, autrement dit par des champs cadrés correspondant à des focales plus longues. Rappelons tout de même qu'un objectif ne change pas de focale lorsqu'il est monté sur un boitier à petit capteur, parler dans ce cas de coefficient multiplicateur est donc inapproprié : l'objectif ne grossit pas plus que lorsqu'il est monté sur un boitier à grand capteur, puisque le tirage mécanique du système de monture ne change pas. Parler de coefficient de recadrage est plus adapté, puisque l'angle de champ réduit est dû à la petite surface du capteur. Dit d'une autre manière : il faut reculer pour avoir un cadrage correspondant à celui qu'aurait montré le viseur d'un boitier à capteur 24X36, d'où cette perception de profondeur de champ plus étendue avec le petit format. Comme la profondeur de champ dépend de la distance qui sépare le sujet de l'opérateur et de l'ouverture du diaphragme, les fond flous encombrés sont moins agréables lorsque les sujets sont photographiés de loin avec un boitier à petit capteur et une optique à petite ouverture. Par ailleurs, si les objectifs traditionnels ont été conçus pour former une image d'au moins 43 mm de diamètre ( la diagonale du format 24x36mm ), il existe également des objectifs pour le format 16x24 et qui forment un cercle de 28mm, que l'on ne peut donc pas monter sur des boitiers à grand capteurs, au risque d'avoir des angles et des bords d'image noirs.

Les conséquences de ces combinaisons de boitiers APS-C et d'objectifs prévus pour le grand format, sont que nos focales habituelles sont devenues trop longues : si l'on utilisait un 300mm pour cadrer de grands animaux, comme le cerf élaphe par exemple, on se retrouvait soudainement avec un cadrage équivalent à 450mm, ce qui est problématique quand on travaille depuis plus de trente ans avec des couples boitiers/objectifs que l'on maîtrise parfaitement, et dont on connaît les résultats en qualité de fonds flous ( le fameux bokeh japonais...) aux distances habituelles d'utilisation.

Malgré tout, les premières impressions furent positives, eu égard à la grande qualité d'image offerte par la technologie numérique. Les petits capteurs ne cadrent que le centre de l'image formée par les objectifs de type FF, qui est souvent meilleur optiquement que les bords et les angles à la plus grande ouverture. Ce recadrage réduit également le phénomène de vignettage. Ces boitiers à petits capteurs avaient pourtant des limites : certaines images étaient impossibles à faire, car si le recadrage peut paraître avantageux pour les longues focales utilisées sur des petits sujets, sur les objectifs à grands angles il s'avère être un gros inconvénient ! Un 28mm cadre comme un 43mm lorsqu'il est monté sur un APS-C, ce qui est vraiment problématique, et qui a rendu nécéssaire la fabrication d'objectifs spéciaux. Autre inconvénient, la qualité des fonds flous qui reste bonne avec des optiques lumineuses montées sur boitier APS-C, devient problématique à distance égale de prise de vue avec des zooms à petites ouvertures , où les sujets peinent à se détacher des environnements et des fonds chargés de végétation. Pour compenser il faut s'approcher des sujets, ce qui est assez contradictoire avec l'effet téléobjectif recherché !

Aujourd'hui, les capteurs 24x36 nous ont permis de retrouver nos focales initiales, mais les habitudes prises avec le petit format ne sont pas que négatives : en macro et proxyphoto l'APS-C reste intéressant, car pour un même rapport de cadrage l'opérateur se trouve plus loin de son sujet, ce qui favorise l'approche d'animaux craintifs et l'éclairage de très petits sujets. Idem pour les petits animaux que l'on photographiait souvent de très près, la plupart du temps à la distance minimale de mise au point avec un 500/600mm, et pour lesquels le recadrage de l'APS-C permet de rester à distance pour une même taille d'image. Pour tous les autres sujets, le grand format conserve un net avantage, avec ses fond flous plus lisses, sa finesse d'image, et sa grande surface de capteur ( 864 mm2, contre 384mm2 ) qui permet une meilleure montée en sensibilité à résolution égale .

Les objectifs et les boitiers ont évolué aussi, avec des automatismes plus performants : le plus apprécié en son temps fut l'exposition matricielle à mémoire, avec des posemètres devenus réellement fiables, puis un autofocus rapide capable de faire mieux que l'opérateur dans la majorité des situations, et enfin la stabilisation qui a permis de gagner sur les fameux temps d'obturation de sécurité que l'on s'imposait avec les longues focales. Si l' éclairage artificiel fut pendant longtemps difficile à maîtriser, aujourd'hui les automatismes sont capables de gérer plusieurs flashs en même temps, et de manière plus que satisfaisante.

Les matériaux composites, le carbone, le magnésuium, ont remplacé l'aluminium, le laiton, le bois, et les autres matières qui constituaient les trépieds, les boitiers, et les objectifs. Gains de poids et confort d'utilisation, mais aussi absorption des vibrations et des chocs, insonorisation et isolation, sont les principaux avantages de ces matières.

Si le nombre croissant de pratiquants n'a pas fait baisser le coût global du matériel photographique, tout laisse à croire qu'il a permis un développement technologique plus rapide, que l'on peut encore constater aujourd'hui avec l'avènement des boitiers sans miroirs et de leurs optiques spécifiques.

 

 

Ajouter un commentaire